Dixie Love
un BD-concert dessiné de l’Ensemble Drift
Création 2026
Le récit démarre une nuit d’Halloween, à Memphis dans le Tennessee, alors qu’un jeune Elvis Presley adolescent est tiré du sommeil par le fantôme de son jumeau mort, Jesse Garon. Ensemble, avec la petite amie d’Elvis, Dixie, ils prennent la route sans destination précise. Lorsque leur voiture percute le camion de Sam, un quarantenaire en mal d’amour, le monde de ces trois adolescents bascule dans une faille spatio-temporelle peuplée par les fantômes de l’Amérique, et ceux du chanteur en devenir…
En 2014, j’ai été accueilli en résidence d’écriture au Chalet Mauriac à Saint-Symphorien pour travailler sur le scénario de Dixie Love. À l’origine prévu à la publication d’une bande-dessinée numérique, n’ayant pour diverses raisons jamais vu le jour, il m’apparaît aujourd’hui évident que ce récit était destiné à la création d’un spectacle.
L’histoire se déroule au sein d’un univers où se déploient des esthétiques propres à l’imaginaire d’une Amérique quasi-fictionnelle – pouvant évoquer à la fois la littérature de Harry Crews ou le cinéma de Charles Laughton. Elle s’articule autour d’un jeune couple adolescent, librement inspiré par le jeune Elvis Presley et sa première petite amie, Dixie, se laissant porter par le vent le temps d’une nuit d’Halloween. Marchant sur les traces d’époques et de personnages divers, ils se confrontent à des manifestations mystiques inquiétantes et à première vue inexplicables. Au travers de ce road-movie initiatique, le lecteur/spectateur se retrouve plongé dans un monde dépaysant où les visages innocents d’Elvis et de Dixie ne cessent d’adoucir l’environnement qui les entoure. Mêlant à la fois éléments réels (la fascination d’Elvis pour l’occulte et l’obsession qu’il entretenait vis-à-vis de son jumeau mort à la naissance, Jesse Garon…), et fictionnels, Dixie Love est avant tout un conte nocturne sur l’adolescence, et la quête d’identité et de repères dans un monde incertain, fragile et violent.”
Sol Hess, auteur du scénario de Dixie Love, 2023.
Note d’intention de l’Ensemble Drift
Approfondir l’association musique / BD sur scène…
En 2020, nous avons adapté La Saga de Grimr de Jérémie Moreau en BD-concert 1. Bien que très proches d’une forme de ciné-concert, nous avions alors l’intention de créer un objet vivant, avec la volonté de mettre en valeur l’énergie et la férocité des planches du livre à travers l’adaptation vidéo, la composition musicale et leur interprétation live. L’idée fondatrice de l’Ensemble Drift était de former un groupe qui puisse intégrer plusieurs types d’interprètes – quels que soient leurs médiums – afin d’explorer les liens entre musique, narration et image. Ainsi, Benjamin Lacquement, le vidéaste de La Saga de Grimr, était présent sur scène et manipulait les images en « live » au sein de la formation.
Pour ce nouveau spectacle, nous avons choisi d’explorer à nouveau les corrélations entre musique, récit et bande dessinée, avec le parti pris de ne pas travailler cette fois sur l’adaptation d’une publication, mais de créer tous les éléments pour le spectacle : la musique, bien-sûr, mais aussi l’histoire et le dessin. C’est ainsi que l’autrice et dessinatrice de bande-dessinée Laureline Mattiussi (Cocteau, l’Enfant Terrible, Editions Casterman…) intègre l’Ensemble Drift pour cette nouvelle création. Elle créera toutes les planches et les dessins qui seront utilisés pour la vidéo, et sera sur scène avec nous pour tantôt manipuler ces images en direct, et tantôt y mêler du dessin live.
Forts de notre expérience avec La Saga de Grimr, nous en reprendrons certains fondamentaux :
La musique sera composée et jouée par les musiciens de l’Ensemble Drift, à savoir Frédérick Cazaux (claviers, harpe, scie musicale), Jérôme d’Aviau (batterie, guitare, claviers), et Sol Hess (guitares et chant). Notre point commun (d’où le désir fondateur de cet ensemble) est d’être nous-mêmes à la croisée de médiums artistiques : composition de musique pour le théâtre et le cinéma, écriture et réalisation de films et de livres de bande dessinée…
Très sensibles à la narration, nous mettons un point d’honneur à être au service de la dramaturgie. Ainsi, la musique sera de nouveau pensée comme une bande-originale dans laquelle nous trouverons des thèmes de personnages, leitmotivs et points d’orgue.
L’univers de Dixie Love faisant appel au rock n’ roll originel, la musique tentera d’y intégrer des éléments mélodiques évoquant le rock primitif des débuts, le rythme n’ blues, le gospel, et les ballades country western qui ont à la fois marqué la jeunesse d’Elvis, et constituent un tissu considérable de l’imaginaire collectif autour de l’Amérique de l’époque. Ces clins d’œil seront mêlés à une esthétique plus actuelle, quelque part à la croisée du post-rock, la musique contemporaine et l’ambiant synthétique, afin de donner au spectateur la sensation de rêve éveillé et d’intemporalité qui caractérise le récit.
Et, tout comme la musique, la vidéo sera jouée « live » pendant la représentation. Les musiciens et la dessinatrice manipuleront les images par le biais d’instruments électroniques connectés à des logiciels de « vjing » ou de « créative coding », bénéficiant de l’expressivité offerte par ces outils, mais sans laisser transparaître une esthétique numérique qui pourrait nuire à l’ambiance cinématographique du spectacle. La dessinatrice faisant partie intégrante du groupe permettra le dialogue vivant entre musique et images en temps réel.
Enfin, si le focus sera évidemment mis sur la BD et l’écran, une attention particulière sera portée sur la scénographie afin de déplacer à des moments précis le regard du spectateur vers le plateau et les quatre interprètes.
Plusieurs réflexions iront dans ce sens :
• placements des membres de l’ensemble et des instruments au fil de l’histoire ;
• création lumière de Christophe Turpault, orientée à la fois par le dessin noir & blanc de Laureline Mattiussi, et par la lumière nocturne issue du récit ; avec la volonté de créer à la fois une continuité et une dynamique vis-à-vis de l’écran et de mettre en valeur le jeu au plateau. La lumière tentera également de recréer un espace qui évoquera l’imaginaire collectif évoqué par la BD de Dixie Love : le cinéma, le rock n’ roll, et l’Amérique des années fin ’40/début ’50 ;
• travail de la vidéo comme un instrument de musique, avec la possibilité et le plaisir de jouer sur des aspects tels que le rythme (vitesse / tempo, répétitions…), l’intensité (« quantité » de dessins, luminosité, contraste…), l’ampleur (taille des images sur l’écran, gamme de couleurs, …) ;
Ainsi, c’est au travers d’une mise en scène de tous les éléments à notre disposition que nous espérons créer un nouvel espace scénique – moderne, actuel et populaire – où pourront prendre corps les personnages et le récit de Dixie Love.